sabato 14 febbraio 2009

Philip Glass et son Opéra de Chambre Hydrogen Jukebox



Génial!!

Hydrogen Jukebox de Philip Glass et Allen Ginsberg
Exercice de spéléologie au coeur de la Beat Generation..
A Nantes, la création française de l’opéra de chambre Hydrogen Jukebox, neuvième opus lyrique du compositeur américain Philip Glass tient de l’expédition spéléologique : née en 1998 d’une rencontre de Glass avec le poète Allen Ginsberg, créé en 1990 au Spoleto Music Festival de Charleston, l’oeuvre plonge dans un passé pas si lointain mais qui se referme sur une génération qui a marqué et fait son temps : la Beat Generation, cette vague de rébellion sociale et poétique qui secoua l’Amérique des années cinquante à quatre vingt et fit des ondes sur les jeunesses du monde.
Jack Kerouac fut le premier à en déclencher les marées avec son emblématique Sur la route, bientôt suivi par Ginsberg et William Burroughs dont The Howl et Le Festin nu imprégnèrent les esprits et les révoltes.
C’est l’Amérique des Happy Fifties bientôt rattrapée par ses guerres, au Vietnam et ailleurs, par la rage de liberté tous azimuts, par le sexe sans tabou et la drogue comme accessoire d’évasion. Aux paroles proférées par le poète répondirent les sons d’un nouveau type baptisés « minimalistes » ou « répétitifs » initiés par des compositeurs comme LaMonte Young, Steve Reich, Terry Riley et Philip Glass.

La découverte au Festival d’Avignon 1976 de son premier opéra Einstein on the Beach mis en scène par Bob Wilson et chorégraphié par Lucinda Childs fit l’effet d’un électrochoc qu’aucune autre œuvre postérieure renouvela.
20 chants pour 7 musiciens, 6 chanteurs et un narrateur
Pour la production française de Hydrogen Jukebox, Philippe Nahon et son ensemble Ars Nova, côté musique, Joël Jouanneau à la mise en scène et Jacques Gabel pour la scénographie se sont emparés des traces laissées par ces temps-là et ont tenté de leur redonner vie.

L’œuvre, articulée autour de vingt chants pour sept musiciens, six chanteurs et un narrateur, a presque 20 ans d’âge.

Son titre est extrait de Howl (cri, hurlement), le poème quasi identitaire de Ginsberg : « listening to the crack of doom on the Hydrogen Jukebox (en écoutant le crack d’apocalypse d’un jukebox à hydrogène) ».
La scénographie de Gabel s’appuie sur les données de la célèbre Factory chère à Andy Warhol, tables de maquillage aux miroirs encadrés de lampes, murs gris et écrans mobiles auxquels s’ajoutent un tuyau accroché aux cintres crachant du sable sur des restes d’uniformes, et, à l’avant-scène le bureau et la machine à écrire de Ginsberg.

Un Ginsberg qu’incarne le comédien Eric Génovèse, prêté par la Comédie Française dont il est sociétaire. Jouant les Frégolis, acteur et danseur d’une multitude d’autres personnages il dit et profère les textes en flamme de Ginsberg.

Le programme les reproduit en langue originale et dans leur traduction : belle initiative qui pointe du bout des mots la difficulté de traduire un langage principalement axé sur le souffle et la mélodie des syllabes.
Quand le cheval de fer fonce vers la guerre
Déguisé en oncle Sam - haut de forme et couleurs de bannière étoilée -, Philippe Nahon dirige ses ouailles musiciennes comme s’il était lui aussi un personnage à part entière.

Côté jardin les vents, flûte (Pierre-Simon Chevry), clarinette (Eric Lamberger) et le saxophone de Jacques Charles qui se livre à un étourdissant solo de jazz.

Côté cour, percussions et synthétiseurs, les instruments clés de cette musique, sont manipulés par Isabelle Cornélis, Elisa Humanes, Michel Maurer et André Dos Santos.

A ces excellents instrumentistes se joignent les voix des sopranos Mia Delmaë et Céleste Lazarenko, de la mezzo Aurore Ugolin, du ténor Michaël Bennett, des barytons et barytons basses Jeremy Huw-Williams et Jean-Loup Pagésy qui figurent tour à tour le chœur et les diverses silhouettes qui traversent les temps et les paysages : des plaines d’Oklahoma aux rives du Gange, de Chicago à Calcutta, quand « le cheval de guerre fonce vers la guerre », que meurent « les soldats venus de nulle part pour aller où on les envoie » et que dans ce marasme il faut invoquer Yahvé, Allah et Bouddha.
D’Eisenhower à Bush père, les présidents défilent et les événements liés à leurs mandats : par flashs, par fragments, par états de névroses.

Il n’y pas d’histoire, il y a l’Histoire et ses convulsions, les battements sourds de la musique de Glass, ses répétitions en boucle qui créent une sorte d’hypnose.
Ni véritable opéra, ni véritable oratorio, c’est un voyage dans des mondes en tourmente qui n’ont pas fini de nous interpeller.


Hydrogen Jukebox de Philip Glass, livret d’Allen Ginsberg, ensemble instrumental Ars Nova, direction Philippe Nahon, mise en scène Joël Jouanneau, décor Jacques Gabel, costumes Claire Sternberg, lumières Franck Thévenon, réalisation sonore Pablo Bergel.Avec Eric Génovèse, Mia Delmaë, Céleste Lazarenko, Aurore Ugolin, Michael Bennett, Jeremy Huw-Williams, Jean-Loup Pagésy.
Nantes – Théâtre Graslin, les 12,13,14,22,24 & 26 janvier
Angers – Grand Théâtre, les 28 & 29 janvier
Orléans – Théâtre – le 16 janvier
Dijon – Opéra – le 1er février
Besançon – Théâtre Musical – le 13 février
Poitiers – TAP – le 19 février
Caen – Théâtre – le 5 mars

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